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__Note de style :__ Quand un syntagme est souligné c'est qu'il s'agit d'une définition. |
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[[https://www.youtube.com/watch?v=I4MtKmB1RZY|origine évolutive des sexes]] | [[https://www.youtube.com/watch?v=8c90aveuWvo&list=PLOAqW4l-8WBiolZtT_RzposcYW5If8Mpp|régime épistémique et argumentation en conflit éditorial sur Wikipédia]] |
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''Le brassage génétique lors de la reproduction présente un intérêt évolutif. Une fois ce mode de reproduction instaurée il y a un intérêt évolutif à faire des gamètes à moindre coup énergétique (donc moins gros et potentiellement moins efficaces) pour pouvoir en faire plus. Dans ce contexte, une autre stratégie optimale consiste à produire peu des gamètes très efficaces (quitte à ce qu'ils soient plus gros donc plus coûteux énergétiquement donc moins nombreux). Les premiers gamètes sont par convention qualifiés de mâles et les seconds de femelle. Il s'agit donc d'un modèle de l'origine évolutive des sexes fondé sur la théorie des jeux.'' | ''Un __régime épistémique__ est une conception de ce qu'est la connaissance, en lien avec des valeurs. Sur Wikipédia, lorsqu'il s'agit d'argumenter dans le contexte d'un conflit éditorial, les régimes épistémiques et valeurs correspondantes mobilisés sont principalement : * régime encyclopédiste et légitimité, * régime wiki et collectivité, * régime scientifique et précision, * régime scientiste et véracité, * régime critique et indépendance, * régime doxique et popularité. |
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~-[ biologie évolutive 🦤 5 min ]-~ | On va pas mal croiser de régime critique dans la suite.'' ~-[ sociologie 🏙️ 13 min ]-~ ----- [[https://www.youtube.com/watch?v=Tm-5qfqZQZE&list=PLz0n_SjOttTc1Erfpi496CyuQRYf7yOh6|féminisme]]<<BR>> (en anglais) ''Le terme féminisme est utilisé pour désigner : * des mouvements politiques, * des positions philosophiques, * des méthodologies académiques. Il s'agira essentiellement de conceptions académiques dans cette promenade, vous voilà prévenu⋅e⋅s !'' ~-[ philosophie 🤔 11 min ]-~ ----- [[https://youtu.be/I4MtKmB1RZY?t=32|origine évolutive des sexes]] ''Le brassage génétique lors de la reproduction présente un intérêt évolutif. Dans les formes de vies pluricellulaires, il est permis par la production de gamètes. Un __gamète__ est une cellule spécialisée capable de fusionner avec un gamète d'un autre individu et d'ainsi former un nouvel individu dont le génome est un mélange des génomes des deux parents. Une fois ce mode de reproduction instauré il y a un intérêt évolutif à faire des gamètes à moindre coût énergétique, donc potentiellement moins efficaces (et typiquement moins gros), pour en faire plus. Dans ce contexte, une autre stratégie optimale consiste à produire des gamètes très efficaces, quitte à ce qu'ils soient plus coûteux énergétiquement (et typiquement plus gros) donc moins nombreux. Les premiers gamètes sont par convention qualifiés de __mâles__ et les seconds de __femelles__. On parle de __reproduction sexuée__ pour désigner la reproduction avec ces gamètes sexués. Les organismes peuvent faire l'objet d'autres adaptations (au sens de la théorie de l'évolution) en lien avec l'aspect sexué de la reproduction sexuée. On parle de __caractères sexuels__. Par exemple, il peut y avoir des canaux différents pour transporter les gamètes femelles et mâles (et cela ne suppose pas des individus différenciés par type de gamètes produits : cf. l'hermaphrodisme, chez les escargots par exemple). Dans le cas où les gamètes femelles et mâles sont produits par des individus différents, cela se traduit par des organismes différenciés au niveau de caractères sexuels. Par exemple, les individus produisant des gamètes mâles pourraient plus souvent avoir les canaux adaptés au transport de gamètes femelles atrophiés et réciproquement. On appelle __sexe__ d'un individu l'ensemble de ses caractères sexuels. La binarité sexuelle des gamètes, aussi stricte soit-elle, n'implique pas forcément une binarité stricte des sexes à l'échelle des individus, quand bien même chaque individu ne produirait qu'un type de gamète. Par exemple, certains individus pourraient posséder uniquement les canaux adaptés aux gamètes femelles, d'autre uniquement ceux adaptés aux gamètes mâles, et d'autres les deux types de canaux. Il s'agit là d'un modèle de l'origine évolutive des sexes fondé sur la théorie des jeux.'' ~-[ biologie évolutive 🦤 4 min ]-~ |
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''Le sexe est un prédicteur d'une part de la position social : le genre. Pour étudier les conceptions de cet ordre social sexué, définissons deux positions caricaturales. Naturalisme : le genre c'est du sexe. Anti-naturalisme : . (1) le genre n'a que des bases sociales |
''Le sexe est un bon prédicteur d'une part de la position social : le __genre__. Pour étudier les façons de concevoir cet ordre social sexué, définissons-en deux conceptions caricaturales et opposées. __Naturalisme__ : le genre c'est du sexe, c'est-à-dire que la part de la position sociale corrélée avec le sexe découle directement d'adaptations à la reproduction sexuée. __Anti-naturalisme__ : . (1) le genre est un phénomène social qui n'a aucune corrélation avec la biologie |
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Ni l'un ni l'autre n'est satisfaisant en l'état. Pour penser correctement le sexe, il ne faut pas : | Ni l'un ni l'autre n'est satisfaisant en l'état. Pour penser correctement le système sexe/genre et en particulier le sexe, il ne faut pas : |
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__Note sur le vocabulaire :__ les termes naturalisme et anti-naturalisme sont aussi utilisés pour désigner des couples de positions plus nuancées, simplement pour indiquer que l'une est plus proche d'un des pôles définis ci-dessus que l'autre. |
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''Un concept est le produit d'une histoire : il n'est pas donné directement à partir du réel, on dit qu'il est __construit__. (Cela n'est pas en contradiction avec le fait qu'il puisse correspondre effectivement à la réalité, qu'il ait une valeur __ontologique__.) Notamment, un concept est très souvent __socialement construit__, c'est-à-dire que sa construction fait intervenir des phénomènes sociaux et que donc le concept dépend en partie des représentations sociales. Par abus de langage, au lieu de dire que la notion x est socialement construite, on dit que __x est une construction sociale__. | ''Un concept est le produit d'une histoire : il n'est pas donné directement et instantanément à partir du réel, on dit qu'il est __construit__. (Cela n'est pas en contradiction avec le fait qu'il puisse correspondre effectivement à quelque chose de réel, son __réalisme__.) Notamment, un concept est très souvent __socialement construit__, c'est-à-dire que sa construction fait intervenir des phénomènes sociaux. Il dépend alors en partie du contexte social dans lequel il est construit, et en particulier des représentations qui y sont véhiculées. Par abus de langage, au lieu de dire que la notion x est socialement construite, on dit que __x est une construction sociale__. |
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Remarques en lien avec l'épisode 1 : * soutenir l'idée qu'une notion n'est pas construite, c'est __naturaliser__ cette notion. La naturalisation d'une notion est le plus souvent une position implicite voire inconsciente : prendre la notion telle quelle sans questionner ni sa pertinence pour décrire le réel ni sa construction. (Exemple dans la vidéo : « naturaliser la différence des sexes ».) * le (2) dans la position anti-naturaliste de l'épisode 1, c'est une utilisation mal digérée de la notion de construction sociale. |
Remarques en lien avec l'épisode précédent : * avoir l'idée qu'une notion n'est pas construite, c'est __naturaliser__ cette notion. La naturalisation d'une notion est le plus souvent une position implicite voire inconsciente : prendre la notion telle quelle sans questionner ni sa pertinence pour décrire le réel, ni sa construction. (Exemple dans la vidéo : « naturaliser la différence des sexes ».) * le (2) dans la position anti-naturaliste de l'épisode précédent, c'est une utilisation mal digérée de la notion de construction sociale. C'est confondre le fait de dépendre en partie du contexte social et le fait de ne dépendre que du contexte social. |
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De plus, la conception (construite) qu'on a de la réalité influence ce qu'on fait, ce qui influence la réalité, ce qui influence à son tour la conception qu'on en a : la construction des concepts se poursuit. (En bref : concepts -> comportement -> réalité -> concepts -> …) Le problème, c'est qu'au fil de ces changements, les mêmes mots désignent des choses qui changent et on n'en a pas forcément conscience.'' | D'ailleurs, bien d'autres choses sont le produit d'une histoire ; elles sont __construites__. À titre d'exemple, la vidéo cite des influences du social sur le biologique via la physiologie, l'écologie ou encore l'évolution. En fait, des faits biologiques aussi peuvent être socialement construis, pas que des concepts. Concentrons-nous tout de même sur les concepts. |
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__Note de style :__ Quand un syntagme est souligné c'est qu'il s'agit d'une définition. | La conception (construite) qu'on a de la réalité influence ce qu'on fait, ce qui influence la réalité, ce qui influence à son tour la conception qu'on en a (en bref : concepts -> comportement -> réalité -> concepts -> …). La construction sociale de chaque maillon se poursuit. Le problème épistémologique ici, c'est qu'au fil du temps, les mots changent de signifiés, ou même les signifiés changent, sans qu'on n'en ait forcément conscience. D'ailleurs, la construction des concepts peut aussi différer selon les environnements sociaux. Par exemple, pour la notion de sexe, la conception proche de la biologie évolutive vue précédemment à base d'adaptations n'est certainement pas le sens commun. Le discours biologique étant de plus perçu comme particulièrement légitime (__autorité épistémique__) le risque est alors que le propos soit naturalisé hors de la communauté scientifique émettrice. Or, les scientifiques viennent de et vivent dans la société. La naturalisation de certaines conceptions, en particulier au sujet du système sexe/genre, peut donc biaiser la pratique scientifique… mais ça on en reparle dans la suite de la promenade ! Le __constructivisme linguistique__ c'est ce paradigme d'étude des concepts (et plus généralement des __attitudes subjectives__ : les discours et représentations) et de leurs conséquences sur la réalité qu'ils désignent. C'est donc une thèse épistémologique : * le savoir est constitué avec des concepts socialement construits, * les concepts et les objets et phénomènes que tentent de capturer les concepts peuvent changer du fait même que cette conceptualisation a des conséquences sociales, * et donc bien comprendre un objet ou phénomène x, ça passe aussi par le fait de comprendre la construction de la notion x elle-même. (Et plus généralement c'est : * notre accès à la réalité est toujours médié par des attitudes subjectives, qui sont socialement construites, * les discours et la réalité désignée par les discours peuvent changer du fait même des conséquences sociales des discours, * et donc l'étude de la réalité ne peut faire l'économie de l'étude des attitudes subjectives et de leur construction : après tout, le langage fait partie de la réalité.)'' |
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''À l'origine des épistémologies féministes, il y a la recherche et l'élimination des biais sexistes et androcentriques dans les conclusions scientifiques. Un travail épistémologique on ne peut plus classique donc. Mais l'épistémologie féministe devient méta quand elle ne critique non pas les biais sexistes de disciplines scientifiques données, mais les biais sexistes de l'épistémologie elle-même, et en premier lieu ceux concernant les notions d'objectivité et de neutralité des sciences. | ''À l'origine des épistémologies féministes, il y a la recherche et l'élimination des biais sexistes et androcentriques dans les conclusions scientifiques. Un travail épistémologique on ne peut plus classique donc. Mais l'épistémologie féministe devient méta quand elle ne critique non pas les biais de disciplines scientifiques données, mais les biais de l'épistémologie elle-même, et en premier lieu ceux concernant les notions d'objectivité et de neutralité des sciences. |
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La production des savoirs scientifiques est issue d'un contexte social. On parle de __savoir situé__. En particulier, la production scientifique dépend de ce qui intéresse les scientifiques, et donc de leurs conditions d'existences (socialisation notamment). Se pose donc la question de la représentativité sociale des scientifiques, notamment en terme de genre. | Un savoir scientifique peut être influencé par le fait que sa production se fait dans un contexte social. On parle de __savoir situé__. On a déjà vu un aspect du caractère situé des savoirs : la construction sociale des concepts. Un autre aspect est que la production scientifique dépend de ce qui intéresse les scientifiques, et donc de leurs conditions d'existences (leur socialisation notamment). Se pose donc la question de la représentativité sociale des scientifiques, notamment en terme de genre. |
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Pour pouvoir continuer à faire de la science en attendant de résoudre ce manque d'objectivité de la communauté scientifique, en bref pour que les savoirs situés soient les plus exploitables, l'épistémologie féministe propose de revoir les critères de scientificité des recherches en y intégrant l'énonciation d'une partie de sa subjectivité : son __positionnement__. Un positionnement, ce sont ses motivations à effectuer telle ou telle recherche (motivation politique, esthétique…).* | Pour pouvoir continuer à faire de la science en attendant de résoudre ce manque d'objectivité de la communauté scientifique, en bref pour que les savoirs situés soient les plus exploitables, l'épistémologie féministe devenue __épistémologie du positionnement__ (__standpoint epistemology__) propose de revoir les critères de scientificité des recherches en y intégrant l'énonciation d'une partie de sa subjectivité : son positionnement. Un __positionnement__, c'est un ensemble de motivations à effectuer telle ou telle recherche (motivation politique, motivation esthétique…). |
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Par réflexivité, l'épistémologie féministe décrit un __positionnement féministe__ : la défense d'une science non sexiste et non androcentrée, notamment pour ne pas laisser le pouvoir issu de la science à une part du corps social. L'épistémologie féministe voit aussi un positionnement compatible avec une __science démocratique__ (c'est-à-dire praticable par tous et qui ouvre à la discussion de ses motivations) comme un critère de scientificité.'' | Par réflexivité, l'épistémologie féministe décrit un __positionnement féministe__ : la défense d'une science non sexiste et non androcentrique, notamment pour ne pas laisser le pouvoir issu de la science à une part du corps social. L'épistémologie féministe voit aussi un positionnement compatible avec une __science démocratique__ (c'est-à-dire praticable par tous et qui ouvre ses motivations à la discussion) comme un critère de scientificité. Que dites-vous ? Il y a des échos de la notion de régime épistémique dans celle de positionnement ? Comme si cette promenade avait une sorte d'organisation…'' |
De la notion de sexe à l'épistémologie féministe
Note de style : Quand un syntagme est souligné c'est qu'il s'agit d'une définition.
régime épistémique et argumentation en conflit éditorial sur Wikipédia
Un régime épistémique est une conception de ce qu'est la connaissance, en lien avec des valeurs. Sur Wikipédia, lorsqu'il s'agit d'argumenter dans le contexte d'un conflit éditorial, les régimes épistémiques et valeurs correspondantes mobilisés sont principalement : On va pas mal croiser de régime critique dans la suite.
[ sociologie 🏙️ 13 min ]
féminisme
(en anglais)
Le terme féminisme est utilisé pour désigner : Il s'agira essentiellement de conceptions académiques dans cette promenade, vous voilà prévenu⋅e⋅s !
[ philosophie 🤔 11 min ]
Le brassage génétique lors de la reproduction présente un intérêt évolutif. Dans les formes de vies pluricellulaires, il est permis par la production de gamètes. Un gamète est une cellule spécialisée capable de fusionner avec un gamète d'un autre individu et d'ainsi former un nouvel individu dont le génome est un mélange des génomes des deux parents. Une fois ce mode de reproduction instauré il y a un intérêt évolutif à faire des gamètes à moindre coût énergétique, donc potentiellement moins efficaces (et typiquement moins gros), pour en faire plus. Dans ce contexte, une autre stratégie optimale consiste à produire des gamètes très efficaces, quitte à ce qu'ils soient plus coûteux énergétiquement (et typiquement plus gros) donc moins nombreux. Les premiers gamètes sont par convention qualifiés de mâles et les seconds de femelles. On parle de reproduction sexuée pour désigner la reproduction avec ces gamètes sexués. Les organismes peuvent faire l'objet d'autres adaptations (au sens de la théorie de l'évolution) en lien avec l'aspect sexué de la reproduction sexuée. On parle de caractères sexuels. Par exemple, il peut y avoir des canaux différents pour transporter les gamètes femelles et mâles (et cela ne suppose pas des individus différenciés par type de gamètes produits : cf. l'hermaphrodisme, chez les escargots par exemple). Dans le cas où les gamètes femelles et mâles sont produits par des individus différents, cela se traduit par des organismes différenciés au niveau de caractères sexuels. Par exemple, les individus produisant des gamètes mâles pourraient plus souvent avoir les canaux adaptés au transport de gamètes femelles atrophiés et réciproquement. On appelle sexe d'un individu l'ensemble de ses caractères sexuels. La binarité sexuelle des gamètes, aussi stricte soit-elle, n'implique pas forcément une binarité stricte des sexes à l'échelle des individus, quand bien même chaque individu ne produirait qu'un type de gamète. Par exemple, certains individus pourraient posséder uniquement les canaux adaptés aux gamètes femelles, d'autre uniquement ceux adaptés aux gamètes mâles, et d'autres les deux types de canaux. Il s'agit là d'un modèle de l'origine évolutive des sexes fondé sur la théorie des jeux.
[ biologie évolutive 🦤 4 min ]
Le sexe est un bon prédicteur d'une part de la position social : le genre. Pour étudier les façons de concevoir cet ordre social sexué, définissons-en deux conceptions caricaturales et opposées. Naturalisme : le genre c'est du sexe, c'est-à-dire que la part de la position sociale corrélée avec le sexe découle directement d'adaptations à la reproduction sexuée. Anti-naturalisme : Ni l'un ni l'autre n'est satisfaisant en l'état. Pour penser correctement le système sexe/genre et en particulier le sexe, il ne faut pas : avoir une conception prescriptive de la biologie, notamment sur les interventions médicales.
Note sur le vocabulaire : les termes naturalisme et anti-naturalisme sont aussi utilisés pour désigner des couples de positions plus nuancées, simplement pour indiquer que l'une est plus proche d'un des pôles définis ci-dessus que l'autre.
[ philosophie des sciences 🤔 22 min ]
constructivisme linguistique et études de genre
Un concept est le produit d'une histoire : il n'est pas donné directement et instantanément à partir du réel, on dit qu'il est construit. (Cela n'est pas en contradiction avec le fait qu'il puisse correspondre effectivement à quelque chose de réel, son réalisme.) Notamment, un concept est très souvent socialement construit, c'est-à-dire que sa construction fait intervenir des phénomènes sociaux. Il dépend alors en partie du contexte social dans lequel il est construit, et en particulier des représentations qui y sont véhiculées. Par abus de langage, au lieu de dire que la notion x est socialement construite, on dit que x est une construction sociale. Remarques en lien avec l'épisode précédent : avoir l'idée qu'une notion n'est pas construite, c'est naturaliser cette notion. La naturalisation d'une notion est le plus souvent une position implicite voire inconsciente : prendre la notion telle quelle sans questionner ni sa pertinence pour décrire le réel, ni sa construction. (Exemple dans la vidéo : « naturaliser la différence des sexes ».) D'ailleurs, bien d'autres choses sont le produit d'une histoire ; elles sont construites. À titre d'exemple, la vidéo cite des influences du social sur le biologique via la physiologie, l'écologie ou encore l'évolution. En fait, des faits biologiques aussi peuvent être socialement construis, pas que des concepts. Concentrons-nous tout de même sur les concepts. La conception (construite) qu'on a de la réalité influence ce qu'on fait, ce qui influence la réalité, ce qui influence à son tour la conception qu'on en a (en bref : concepts -> comportement -> réalité -> concepts -> …). La construction sociale de chaque maillon se poursuit. Le problème épistémologique ici, c'est qu'au fil du temps, les mots changent de signifiés, ou même les signifiés changent, sans qu'on n'en ait forcément conscience. D'ailleurs, la construction des concepts peut aussi différer selon les environnements sociaux. Par exemple, pour la notion de sexe, la conception proche de la biologie évolutive vue précédemment à base d'adaptations n'est certainement pas le sens commun. Le discours biologique étant de plus perçu comme particulièrement légitime (autorité épistémique) le risque est alors que le propos soit naturalisé hors de la communauté scientifique émettrice. Or, les scientifiques viennent de et vivent dans la société. La naturalisation de certaines conceptions, en particulier au sujet du système sexe/genre, peut donc biaiser la pratique scientifique… mais ça on en reparle dans la suite de la promenade ! Le constructivisme linguistique c'est ce paradigme d'étude des concepts (et plus généralement des attitudes subjectives : les discours et représentations) et de leurs conséquences sur la réalité qu'ils désignent. C'est donc une thèse épistémologique : (Et plus généralement c'est : et donc l'étude de la réalité ne peut faire l'économie de l'étude des attitudes subjectives et de leur construction : après tout, le langage fait partie de la réalité.)
[ philosophie des sciences 🤔 23 min ]
enjeux épistémologiques de la biologie féministe
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[ philosophie des sciences 🤔 1 h 11 ]
À l'origine des épistémologies féministes, il y a la recherche et l'élimination des biais sexistes et androcentriques dans les conclusions scientifiques. Un travail épistémologique on ne peut plus classique donc. Mais l'épistémologie féministe devient méta quand elle ne critique non pas les biais de disciplines scientifiques données, mais les biais de l'épistémologie elle-même, et en premier lieu ceux concernant les notions d'objectivité et de neutralité des sciences. Un savoir scientifique peut être influencé par le fait que sa production se fait dans un contexte social. On parle de savoir situé. On a déjà vu un aspect du caractère situé des savoirs : la construction sociale des concepts. Un autre aspect est que la production scientifique dépend de ce qui intéresse les scientifiques, et donc de leurs conditions d'existences (leur socialisation notamment). Se pose donc la question de la représentativité sociale des scientifiques, notamment en terme de genre. Pour pouvoir continuer à faire de la science en attendant de résoudre ce manque d'objectivité de la communauté scientifique, en bref pour que les savoirs situés soient les plus exploitables, l'épistémologie féministe devenue épistémologie du positionnement (standpoint epistemology) propose de revoir les critères de scientificité des recherches en y intégrant l'énonciation d'une partie de sa subjectivité : son positionnement. Un positionnement, c'est un ensemble de motivations à effectuer telle ou telle recherche (motivation politique, motivation esthétique…). Par réflexivité, l'épistémologie féministe décrit un positionnement féministe : la défense d'une science non sexiste et non androcentrique, notamment pour ne pas laisser le pouvoir issu de la science à une part du corps social. L'épistémologie féministe voit aussi un positionnement compatible avec une science démocratique (c'est-à-dire praticable par tous et qui ouvre ses motivations à la discussion) comme un critère de scientificité. Que dites-vous ? Il y a des échos de la notion de régime épistémique dans celle de positionnement ? Comme si cette promenade avait une sorte d'organisation…
[ philosophie des sciences 🤔 20 min ]
Fin !