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| ''Un __régime épistémique__ est une conception de ce qu'est la connaissance, en lien avec des valeurs. Sur Wikipédia, lorsqu'il s'agit d'argumenter dans le contexte d'un conflit éditorial, les régimes épistémiques et valeurs correspondantes mobilisés sont principalement : | ''Un __régime épistémique__ est une conception de ce qu'est la connaissance, en lien avec des valeurs. Un régime épistémique statue notamment sur ce qui fait : * la __fiabilité__ : quels sont les critères corrects pour reconnaître – ou plus précisément parfois, pour argumenter… teaser ! – qu'une information est une connaissance ? * la __pertinence__ : quels sont les critères corrects pour reconnaître que telle ou telle connaissance permet de s'informer sur tel ou tel sujet ? Sur Wikipédia, lorsqu'il s'agit d'argumenter dans le contexte d'un conflit éditorial, les régimes épistémiques et valeurs correspondantes mobilisés sont principalement : |
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| * régime doxique et popularité.'' | * régime doxique et popularité. Concernant leurs conceptions de la pertinence, ces régimes épistémiques se distinguent notamment par la façon dont ils donnent de l'importance à et hiérarchisent (ou non) les différents points de vue et les différentes sources. On va pas mal croiser de régime critique dans la suite.'' |
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| [[https://www.youtube.com/watch?v=Tm-5qfqZQZE&list=PLz0n_SjOttTc1Erfpi496CyuQRYf7yOh6|féminisme]] |
[[https://www.youtube.com/watch?v=Tm-5qfqZQZE&list=PLz0n_SjOttTc1Erfpi496CyuQRYf7yOh6|féminisme]]<<BR>> |
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| * des méthodologies académiques.'' | * des méthodologies académiques. Il s'agira essentiellement de conceptions académiques dans cette promenade, vous voilà prévenu⋅e⋅s !'' |
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| [[https://www.youtube.com/watch?v=I4MtKmB1RZY|origine évolutive des sexes]] ''Le brassage génétique lors de la reproduction présente un intérêt évolutif. Dans les formes de vies pluricellulaires, il est permis par la production de gamètes. Un __gamète__ est une cellule spécialisée capable de fusionner avec un gamète d'un autre individu et d'ainsi former un nouvel individu dont le génome est un mélange des génomes des deux parents. Une fois ce mode de reproduction instaurée il y a un intérêt évolutif à faire des gamètes à moindre coup énergétique, donc potentiellement moins efficaces (et typiquement moins gros), pour en faire plus. Dans ce contexte, une autre stratégie optimale consiste à produire des gamètes très efficaces, quitte à ce qu'ils soient plus coûteux énergétiquement (et typiquement plus gros) donc moins nombreux. Les premiers gamètes sont par convention qualifiés de __mâles__ et les seconds de __femelles__. On parle de __reproduction sexuée__ pour désigner la reproduction avec ces gamètes sexués. Les organismes peuvent faire l'objet d'autres adaptations (au sens de la théorie de l'évolution) en lien avec l'aspect sexué de la reproduction sexuée. On parle de __caractères sexuels__. Par exemple, il peut y avoir des canaux différents pour transporter les gamètes femelles et mâles (et cela ne suppose pas des individus différenciés par type de gamète produit : cf. l'hermaphrodisme, chez les escargots par exemple). Dans le cas où les gamètes femelles et mâles sont produits par des individus différents, cela se traduit par des organismes différenciés. Par exemple, les individus produisant des gamètes mâles pourraient plus souvent avoir les canaux adaptés au transport de gamètes femelles atrophiés et réciproquement. On appelle __sexe__ d'un individu l'ensemble de ses caractères sexuels. La binarité sexuelle des gamètes, aussi stricte soit-elle, n'implique pas forcément une binarité stricte des sexes à l'échelle des individus, quand bien même chaque individu ne produirait qu'un type de gamète. Par exemple, certains individus pourraient posséder les canaux adaptés aux deux types de gamète et d'autres un seul. Il s'agit là d'un modèle de l'origine évolutive des sexes fondé sur la théorie des jeux.'' ~-[ biologie évolutive 🦤 5 min ]-~ |
Reproduction sexuée et système reproducteur : * [[https://matilda.education/course/view.php?id=215|reproduction sexuée (gamète et méiose, isogamie et anisogamie, fécondation et autofécondation) et asexuée (bourgeonnement, scissiparité, parthénogenèse), transfert horizontal de gène]] * [[https://youtu.be/I4MtKmB1RZY?t=32|origine évolutive des sexes, notamment de l'anisogamie]] * [[https://matilda.education/course/view.php?id=172|sexe : type sexuel, hermaphrodisme, détermination génétique (hétérochromosome, ploïdie) et détermination par l'environnement de développement, dimorphisme sexuel]] * chez l'humain : * [[https://matilda.education/course/view.php?id=154|contrôle hormonal : axe gonadotrope, cycles ovarien et circadien]] * [[https://matilda.education/course/view.php?id=129|production et émission de gamète]] * [[https://matilda.education/course/view.php?id=113|fécondation]] * [[https://matilda.education/course/view.php?id=104|excitation sexuelle]] * sexuation : . [[https://matilda.education/course/view.php?id=94|développement embryonnaire, intersexuation]] . [[https://matilda.education/course/view.php?id=88|puberté]] ''La __reproduction asexuée__, lors de laquelle un organisme produit seul des copies de lui-même, donne lieu à une transmission verticale de matériel génétique qui prend une forme arborescente : dans la descendance, les lignées ne se croisent pas. Par contraste, le __brassage génétique__ désigne tous les autres phénomènes de transmission de matériel génétique. Il peut se faire par : * __transfert horizontal__ : ajout d'un fragment de génôme provenant d'un autre organisme (mort ou non), * __recomposition de génôme__ : remplacement d'une sous-partie d'un génome par une variante de celle-ci provenant d'un autre organisme (ou, selon le point de vue, fusion de fragments de génômes différents de sorte à former un seul génôme). Cette distinction du remplacement (par opposition au simple ajout) est importante car elle donne lieu à des phénomènes évolutifs spécifiques du fait de la compétition entre plusieurs fragments homologues dont un seul sera conservé par la recomposition. Le brassage génétique présente un intérêt évolutif, d'où le développement d'adaptations (au sens de la théorie de l'évolution) au brassage génétique. Le __sexe__ désigne le sous-ensemble de ces adaptations au brassage génétique qui sont des processus de recomposition de génôme (potentiellement à l'occasion de la reproduction) au niveau de la cellule, c'est-à-dire par : * __recombinaison génétique__ : intégration d'une séquence au sein d'un brin de matériel génétique conduisant à remplacer une autre séquence, * et/ou __ségrégation génétique__ au niveau cellulaire: séparation ou rassemblement de brins de matériel génétique au gré des divisions et fusions de cellules. Sont notamment inclus : * la __conjugaison bactérienne__ (qui permet la transmission de matériel génétique entre bactéries) lorsque celle-ci ne donne pas simplement lieu à un transfet horizontal, * la __reproduction sexuée__ : chez des eucaryotes (et notamment chez des formes de vie pluricellulaires), une part du brassage génétique est réalisé à l'occasion de la production et de la fusion de gamètes, qui constituent un mode de reproduction, la reproduction sexuée. Un __gamète__ est une cellule spécialisée capable de fusionner avec un gamète d'un autre individu et d'ainsi former un nouvel individu dont le génome est une recomposition des génomes des deux parents. La reproduction sexuée met notamment en jeu les phénomènes de sexe suivant : * la __fécondation__, qui rassemble dans une même cellule des chromosomes de parents différents par la fusion de gamètes, * l'__enjambement__ (ou __crossing-over__) qui permet des recombinaisons entre chromosomes homologues issus de parents différents (on parle de __brassage intrachromosomique__). Il a lieu au début de la __méiose__ (séquence particulière de divisions cellulaires produisant des gamètes). * la première division de méiose qui réparti les chromosomes homologues entre différentes cellules (on parle de __brassage interchromosomique__). Sont notamment exclus : * car il n'y a pas de brassage génétique : * la reproduction asexuée (car il n'y a pas de brassage génétique), * les recombinaisons génétiques internes à un organisme (car il n'y a pas de brassage génétique), comme : * celle participant de la génération d'anticorps, à savoir la recombinaison V(D)J, * les mécanismes de réparation d'ADN, * les mutations : * mutation interne à un chromosome, de l'unique base d'ADN touchée à l'inversion de toute une partie du chromosome, * division d'un chromosome, * fusion de chromosomes, * duplication de chromosome (y compris l'__autopolyploïdie__, qui consiste en la duplication du génôme entier), * car il n'y pas de remplacement mais un ajout de matériel génétique : * les transferts horizontaux, par exemple : * à partir de matériel génétique récupéré dans l'environnement, * par intégration parasitaire d'un virus dans un génome hôte, * par intégration de matériel génétique parasitaire dans le cadre d'un système immunitaire adaptatif CRISPR-Cas, * par __endosymbiose__, c'est-à-dire la symbiose d'une cellule avec, en son sein entourée d'une membrane, une autre cellule, qui forme alors un __organite__ (élément interne d'une cellule entouré d'une membrane), * car elles ne sont pas au niveau intracellulaire : * les associations et changements d'associations d'entités biologiques aux matériels génétiques différents (quand bien même on pourrait alors éventuellement parler de ségrégation génétique au niveau de l'__hologénome__, le génôme combiné des différentes entités biologiques associées), comme : * le __chimérisme__, c'est-à-dire, au sein d'un organisme d'une espèce pluricellulaire, la présence de cellules de cette espèce aux génômes différents, par exemple : * la présence de cellules issues de plusieurs embryons ayant fusionné, * la présence de cellules issues de l'organisme ayant porté l'embryon en gestation, * la présence dans une fourmillière (ou autre supeorganisme) de fourmies issues de la même reine mais fécondée par des mâles différents (__chimérisme superorganismique__), * l'__holobiontie__, c'est-à-dire l'association de plusieurs organismes en une entité biologique (l'__holobionte__) pouvant elle-même faire l'objet d'adaptations et dont la composition peut éventuellement changer au cours de la vie de l'holobionte, par exemple : * la colonisation d'un organisme pluricellulaire par un __microbiote__ (communauté microbienne vivant sur l'organisme hôte) dont la composition peut changer, notamment via des échanges de microorganismes avec l'environnement et les microbiotes d'autres organismes pluricellulaires de la même espèce, * le corail. Une fois le mode de reproduction sexuée instauré (qui peut coexister avec de la reproduction asexuée), il y a un intérêt évolutif à faire des gamètes moins coûteux en ressources, donc potentiellement moins efficaces (et typiquement moins gros), pour en faire plus. Dans ce contexte, une autre stratégie consiste à produire des gamètes très efficaces, quitte à ce qu'ils soient plus coûteux en ressources (et typiquement plus gros) donc moins nombreux. Les premiers gamètes sont qualifiés de __mâles__ et les seconds de __femelles__. On parle d'__anisogamie__ pour désigner la reproduction avec ces gamètes différentiés. Il s'agit donc là d'un modèle de l'origine évolutive de l'anisogamie fondé sur la théorie des jeux. Noter qu'il existe d'autres phénomènes de différenciation des gamètes. En particulier, certaines espèces présentent des __types sexuels de gamètes__, c'est-à-dire des différenciations entre les gamètes qui font que deux gamètes d'un même type ne peuvent pas fusionner (et certains gamètes de types différents peuvent fusionner). Chez certaines espèces (notamment des champignons et des organismes unicellulaires), le type sexuel d'un gamète dépend de sa génétique (et donc de la génétique du parent, qui ne peut produire que certains types de gamètes). La différenciation des gamètes par type est notamment utile pour éviter l'autofécondation, qui est peu efficace en ressources. Dans le cas où les gamètes femelles et mâles sont produits par des individus différents, on parle de __types sexuels d'individus__. De plus, lorsque dans une espèce un individu possède un seul type sexuel constant pour toute sa vie, on parle de __gonochorisme__ (par opposition à l'__hermaphrodisme successif__ lorsqu'il est possible de changer de type sexuel au cours de la vie). Les organismes peuvent faire l'objet d'autres adaptations en lien avec les différentiations au niveau gamétique. On parle de __caractères sexuels__. Par exemple, il peut y avoir des canaux différents pour transporter les gamètes femelles et mâles (et cela ne suppose pas des types sexuels d'individus : cf. l'hermaphrodisme, chez les escargots par exemple). Par le jeu des adaptations à la reproduction, l'existence de types sexuels d'individus chez une espèce peut être associée à une différenciation des organismes au niveau de caractères sexuels selon le type sexuel de l'individu. Par exemple, les individus produisant des gamètes mâles pourraient plus souvent avoir les canaux adaptés au transport de gamètes femelles atrophiés, et réciproquement. On appelle __sexe d'un individu__ l'ensemble de ses caractères sexuels, et __sexuation__ les processus développementaux de mise en place et de changement des caractères sexuels. Donc avec ce vocabulaire : l'existence de types sexuels d'individus chez une espèce peut-être associé à une différenciation des individus par sexes selon leur type sexuel, cette différenciation résultant des processus développementaux de sexuation. Lorsqu'il y a deux types sexuels d'individus, cette différenciation des sexes entre les individus selon leur type sexuel est appelée __dimorphisme sexuel__. La binarité mâle-femelle des gamètes, aussi stricte soit-elle, et quand bien même chaque individu ne produirait qu'un type de gamète (c'est-à-dire quand bien même la binarité des types sexuels des individus serait stricte, comme chez l'humain), n'implique pas forcément une binarité stricte des sexes à l'échelle des individus (c'est-à-dire un dimorphisme sexuel strict). Par exemple, certains individus pourraient posséder uniquement les canaux adaptés aux gamètes femelles, d'autre uniquement ceux adaptés aux gamètes mâles, et d'autres les deux types de canaux. Chez l'humain, le dimorphisme sexuel fait l'objet d'études spécifiques, notamment concernant : * son caractère plus ou moins strict, * les aspects des organismes et de leur fonctionnement qui sont ou non touchés par le phénomène. Par ailleurs, les caractères sexuels peuvent faire l'objet de manipulations technologiques, notamment en interagissant avec les processus de sexuation via des hormones.'' bonus : * [[https://youtu.be/-nsQDX_OHNE?t=148|limite du dimorphisme sexuel chez l'humain]] * [[https://www.youtube.com/watch?v=NmTYFCroXKo&list=PL06SW8j_fgXHItl5DtqPzdcmQsEtskaLn|biologie évolutive du sexe]] __Note sur le vocabulaire :__ je n'ai trouvé aucune mention du terme holobiontie, c'est une traduction de mon cru de l'anglais holobiontness. ~-[ biologie 🦠 52 min ]-~ |
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| ''Le sexe est un prédicteur d'une part de la position social : le genre. Pour étudier les façons de concevoir cet ordre social sexué, définissons-en deux conceptions caricaturales et opposées. | ''Le sexe est un bon prédicteur d'une part de la position social : le __genre__. Pour étudier les façons de concevoir cet ordre social sexué, définissons-en deux conceptions caricaturales et opposées. |
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| Ni l'un ni l'autre n'est satisfaisant en l'état. Pour penser correctement le sexe, il ne faut pas : | Ni l'un ni l'autre n'est satisfaisant en l'état. Pour penser correctement le système sexe/genre et en particulier le sexe, il ne faut pas : |
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| Note : naturalisme et anti-naturalisme sont aussi des termes utilisés pour désigner des positions plus nuancées, simplement pour indiquer que l'une est plus proche d'un des pôles définis ci-dessus que l'autre. | __Note sur le vocabulaire :__ les termes naturalisme et anti-naturalisme sont aussi utilisés pour désigner des couples de positions plus nuancées, simplement pour indiquer que l'une est plus proche d'un des pôles définis ci-dessus que l'autre. |
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| ''Un concept est le produit d'une histoire : il n'est pas donné directement à partir du réel, on dit qu'il est __construit__. (Cela n'est pas en contradiction avec le fait qu'il puisse correspondre effectivement à la réalité, son __réalisme__.) Notamment, un concept est très souvent __socialement construit__, c'est-à-dire que sa construction fait intervenir des phénomènes sociaux et que donc le concept dépend en partie des représentations sociales. Par abus de langage, au lieu de dire que la notion x est socialement construite, on dit que __x est une construction sociale__. | ''Un concept est le produit d'une histoire : il n'est pas donné directement et instantanément à partir du réel, on dit qu'il est __construit__. (Cela n'est pas en contradiction avec le fait qu'il puisse correspondre effectivement à quelque chose de réel, son __réalisme__.) Notamment, un concept est très souvent __socialement construit__, c'est-à-dire que sa construction fait intervenir des phénomènes sociaux. Il dépend alors en partie du contexte social dans lequel il est construit, et en particulier des représentations qui y sont véhiculées. Par abus de langage, au lieu de dire que la notion x est socialement construite, on dit que __x est une construction sociale__. |
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| * soutenir l'idée qu'une notion n'est pas construite, c'est __naturaliser__ cette notion. La naturalisation d'une notion est le plus souvent une position implicite voire inconsciente : prendre la notion telle quelle sans questionner ni sa pertinence pour décrire le réel ni sa construction. (Exemple dans la vidéo : « naturaliser la différence des sexes ».) * le (2) dans la position anti-naturaliste de l'épisode précédent, c'est une utilisation mal digérée de la notion de construction sociale. De plus, la conception (construite) qu'on a de la réalité influence ce qu'on fait, ce qui influence la réalité, ce qui influence à son tour la conception qu'on en a : la construction des concepts se poursuit. (En bref : concepts -> comportement -> réalité -> concepts -> …) Le problème, c'est qu'au fil de ces changements, les mêmes mots désignent des choses qui changent et on n'en a pas forcément conscience.'' |
* avoir l'idée qu'une notion n'est pas construite, c'est __naturaliser__ cette notion. La naturalisation d'une notion est le plus souvent une position implicite voire inconsciente : prendre la notion telle quelle sans questionner ni sa pertinence pour décrire le réel, ni sa construction. (Exemple dans la vidéo : « naturaliser la différence des sexes ».) * le (2) dans la position anti-naturaliste de l'épisode précédent, c'est une utilisation mal digérée de la notion de construction sociale. C'est confondre le fait de dépendre en partie du contexte social et le fait de ne dépendre que du contexte social. D'ailleurs, bien d'autres choses sont le produit d'une histoire ; elles sont __construites__. À titre d'exemple, la vidéo cite des influences du social sur le biologique via la physiologie, l'écologie ou encore l'évolution. En fait, des faits biologiques aussi peuvent être socialement construis, pas que des concepts. Concentrons-nous tout de même sur les concepts. La conception (construite) qu'on a de la réalité influence ce qu'on fait, ce qui influence la réalité, ce qui influence à son tour la conception qu'on en a (en bref : concepts -> comportement -> réalité -> concepts -> …). La construction sociale de chaque maillon se poursuit. Le problème épistémologique ici, c'est qu'au fil du temps, les mots changent de signifiés, ou même les signifiés changent, sans qu'on n'en ait forcément conscience. D'ailleurs, la construction des concepts peut aussi différer selon les environnements sociaux. Par exemple, pour la notion de sexe, la conception proche de la biologie évolutive vue précédemment à base d'adaptations n'est certainement pas le sens commun. Le discours biologique étant de plus perçu comme particulièrement légitime (__autorité épistémique__) le risque est alors que le propos soit naturalisé hors de la communauté scientifique émettrice. Or, les scientifiques viennent de et vivent dans la société. La naturalisation de certaines conceptions, en particulier au sujet du système sexe/genre, peut donc biaiser la pratique scientifique… mais ça on en reparle dans la suite de la promenade ! Le __constructivisme linguistique__ c'est ce paradigme d'étude des concepts (et plus généralement d'étude des __attitudes subjectives__ : les discours et représentations) et de leurs conséquences sur la réalité qu'ils désignent. C'est donc une thèse épistémologique : * le savoir est constitué avec des concepts socialement construits, * les concepts et les objets et phénomènes que tentent de capturer les concepts peuvent changer du fait même que cette conceptualisation a des conséquences sociales, * et donc bien comprendre un objet ou phénomène x, ça passe aussi par le fait de comprendre la construction de la notion x elle-même. (Et plus généralement c'est : * notre accès à la réalité est toujours médié par des attitudes subjectives, qui sont socialement construites, * les discours et la réalité désignée par les discours peuvent changer du fait même des conséquences sociales des discours, * et donc l'étude de la réalité ne peut faire l'économie de l'étude des attitudes subjectives et de leur construction : après tout, le langage fait partie de la réalité.)'' |
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| ''À l'origine des épistémologies féministes, il y a la recherche et l'élimination des biais sexistes et androcentriques dans les conclusions scientifiques. Un travail épistémologique on ne peut plus classique donc. Mais l'épistémologie féministe devient méta quand elle ne critique non pas les biais sexistes de disciplines scientifiques données, mais les biais sexistes de l'épistémologie elle-même, et en premier lieu ceux concernant les notions d'objectivité et de neutralité des sciences. La production des savoirs scientifiques est issue d'un contexte social. On parle de __savoir situé__. En particulier, la production scientifique dépend de ce qui intéresse les scientifiques, et donc de leurs conditions d'existences (leur socialisation notamment). Se pose donc la question de la représentativité sociale des scientifiques, notamment en terme de genre. Pour pouvoir continuer à faire de la science en attendant de résoudre ce manque d'objectivité de la communauté scientifique, en bref pour que les savoirs situés soient les plus exploitables, l'épistémologie féministe propose de revoir les critères de scientificité des recherches en y intégrant l'énonciation d'une partie de sa subjectivité : son __positionnement__. Un positionnement, ce sont des motivations à effectuer telle ou telle recherche (motivation politique, esthétique…). Par réflexivité, l'épistémologie féministe décrit un __positionnement féministe__ : la défense d'une science non sexiste et non androcentrée, notamment pour ne pas laisser le pouvoir issu de la science à une part du corps social. L'épistémologie féministe voit aussi un positionnement compatible avec une __science démocratique__ (c'est-à-dire praticable par tous et qui ouvre ses motivations à la discussion) comme un critère de scientificité.'' |
''À l'origine des épistémologies féministes, il y a la recherche et l'élimination des biais sexistes et androcentriques dans les conclusions scientifiques. Un travail épistémologique on ne peut plus classique donc. Mais l'épistémologie féministe devient méta quand elle ne critique non pas les biais de disciplines scientifiques données, mais les biais de l'épistémologie elle-même, et en premier lieu ceux concernant les notions d'objectivité et de neutralité des sciences. Un savoir scientifique peut être influencé par le fait que sa production se fait dans un contexte social. On parle de __savoir situé__. On a déjà vu un aspect du caractère situé des savoirs : la construction sociale des concepts. Un autre aspect est que la production scientifique dépend de ce qui intéresse les scientifiques, et donc de leurs conditions d'existences (leur socialisation notamment). Se pose donc la question de la représentativité sociale des scientifiques, notamment en terme de genre. Pour pouvoir continuer à faire de la science en attendant de résoudre ce manque d'objectivité de la communauté scientifique, en bref pour que les savoirs situés soient les plus exploitables, l'épistémologie féministe devenue __épistémologie du positionnement__ (__standpoint epistemology__) propose de revoir les critères de scientificité des recherches en y intégrant l'énonciation d'une partie de sa subjectivité : son positionnement. Un __positionnement__, c'est un ensemble de motivations à effectuer telle ou telle recherche (motivation politique, motivation esthétique…). Par réflexivité, l'épistémologie féministe décrit un __positionnement féministe__ : la défense d'une science non sexiste et non androcentrique, notamment pour ne pas laisser le pouvoir issu de la science à une part du corps social. L'épistémologie féministe voit aussi un positionnement compatible avec une __science démocratique__ (c'est-à-dire praticable par tou·te·s et qui ouvre ses motivations à la discussion) comme un critère de scientificité. Que dites-vous ? Il y a des échos de la notion de régime épistémique dans celle de positionnement ? Comme si cette promenade avait une sorte d'organisation…'' |
De la notion de sexe à l'épistémologie féministe
Note de style : Quand un syntagme est souligné c'est qu'il s'agit d'une définition.
régime épistémique et argumentation en conflit éditorial sur Wikipédia
Un régime épistémique est une conception de ce qu'est la connaissance, en lien avec des valeurs. Un régime épistémique statue notamment sur ce qui fait : la fiabilité : quels sont les critères corrects pour reconnaître – ou plus précisément parfois, pour argumenter… teaser ! – qu'une information est une connaissance ? la pertinence : quels sont les critères corrects pour reconnaître que telle ou telle connaissance permet de s'informer sur tel ou tel sujet ? Sur Wikipédia, lorsqu'il s'agit d'argumenter dans le contexte d'un conflit éditorial, les régimes épistémiques et valeurs correspondantes mobilisés sont principalement : Concernant leurs conceptions de la pertinence, ces régimes épistémiques se distinguent notamment par la façon dont ils donnent de l'importance à et hiérarchisent (ou non) les différents points de vue et les différentes sources. On va pas mal croiser de régime critique dans la suite.
[ sociologie 🏙️ 13 min ]
féminisme
(en anglais)
Le terme féminisme est utilisé pour désigner : Il s'agira essentiellement de conceptions académiques dans cette promenade, vous voilà prévenu⋅e⋅s !
[ philosophie 🤔 11 min ]
Reproduction sexuée et système reproducteur :
- chez l'humain :
La reproduction asexuée, lors de laquelle un organisme produit seul des copies de lui-même, donne lieu à une transmission verticale de matériel génétique qui prend une forme arborescente : dans la descendance, les lignées ne se croisent pas. Par contraste, le brassage génétique désigne tous les autres phénomènes de transmission de matériel génétique. Il peut se faire par : transfert horizontal : ajout d'un fragment de génôme provenant d'un autre organisme (mort ou non), recomposition de génôme : remplacement d'une sous-partie d'un génome par une variante de celle-ci provenant d'un autre organisme (ou, selon le point de vue, fusion de fragments de génômes différents de sorte à former un seul génôme). Cette distinction du remplacement (par opposition au simple ajout) est importante car elle donne lieu à des phénomènes évolutifs spécifiques du fait de la compétition entre plusieurs fragments homologues dont un seul sera conservé par la recomposition. Le brassage génétique présente un intérêt évolutif, d'où le développement d'adaptations (au sens de la théorie de l'évolution) au brassage génétique. Le sexe désigne le sous-ensemble de ces adaptations au brassage génétique qui sont des processus de recomposition de génôme (potentiellement à l'occasion de la reproduction) au niveau de la cellule, c'est-à-dire par : recombinaison génétique : intégration d'une séquence au sein d'un brin de matériel génétique conduisant à remplacer une autre séquence, et/ou ségrégation génétique au niveau cellulaire: séparation ou rassemblement de brins de matériel génétique au gré des divisions et fusions de cellules. Sont notamment inclus : la conjugaison bactérienne (qui permet la transmission de matériel génétique entre bactéries) lorsque celle-ci ne donne pas simplement lieu à un transfet horizontal, la reproduction sexuée : chez des eucaryotes (et notamment chez des formes de vie pluricellulaires), une part du brassage génétique est réalisé à l'occasion de la production et de la fusion de gamètes, qui constituent un mode de reproduction, la reproduction sexuée. Un gamète est une cellule spécialisée capable de fusionner avec un gamète d'un autre individu et d'ainsi former un nouvel individu dont le génome est une recomposition des génomes des deux parents. La reproduction sexuée met notamment en jeu les phénomènes de sexe suivant : la fécondation, qui rassemble dans une même cellule des chromosomes de parents différents par la fusion de gamètes, l'enjambement (ou crossing-over) qui permet des recombinaisons entre chromosomes homologues issus de parents différents (on parle de brassage intrachromosomique). Il a lieu au début de la méiose (séquence particulière de divisions cellulaires produisant des gamètes). la première division de méiose qui réparti les chromosomes homologues entre différentes cellules (on parle de brassage interchromosomique). Sont notamment exclus : duplication de chromosome (y compris l'autopolyploïdie, qui consiste en la duplication du génôme entier), par endosymbiose, c'est-à-dire la symbiose d'une cellule avec, en son sein entourée d'une membrane, une autre cellule, qui forme alors un organite (élément interne d'une cellule entouré d'une membrane), les associations et changements d'associations d'entités biologiques aux matériels génétiques différents (quand bien même on pourrait alors éventuellement parler de ségrégation génétique au niveau de l'hologénome, le génôme combiné des différentes entités biologiques associées), comme : le chimérisme, c'est-à-dire, au sein d'un organisme d'une espèce pluricellulaire, la présence de cellules de cette espèce aux génômes différents, par exemple : la présence dans une fourmillière (ou autre supeorganisme) de fourmies issues de la même reine mais fécondée par des mâles différents (chimérisme superorganismique), l'holobiontie, c'est-à-dire l'association de plusieurs organismes en une entité biologique (l'holobionte) pouvant elle-même faire l'objet d'adaptations et dont la composition peut éventuellement changer au cours de la vie de l'holobionte, par exemple : la colonisation d'un organisme pluricellulaire par un microbiote (communauté microbienne vivant sur l'organisme hôte) dont la composition peut changer, notamment via des échanges de microorganismes avec l'environnement et les microbiotes d'autres organismes pluricellulaires de la même espèce, Une fois le mode de reproduction sexuée instauré (qui peut coexister avec de la reproduction asexuée), il y a un intérêt évolutif à faire des gamètes moins coûteux en ressources, donc potentiellement moins efficaces (et typiquement moins gros), pour en faire plus. Dans ce contexte, une autre stratégie consiste à produire des gamètes très efficaces, quitte à ce qu'ils soient plus coûteux en ressources (et typiquement plus gros) donc moins nombreux. Les premiers gamètes sont qualifiés de mâles et les seconds de femelles. On parle d'anisogamie pour désigner la reproduction avec ces gamètes différentiés. Il s'agit donc là d'un modèle de l'origine évolutive de l'anisogamie fondé sur la théorie des jeux. Noter qu'il existe d'autres phénomènes de différenciation des gamètes. En particulier, certaines espèces présentent des types sexuels de gamètes, c'est-à-dire des différenciations entre les gamètes qui font que deux gamètes d'un même type ne peuvent pas fusionner (et certains gamètes de types différents peuvent fusionner). Chez certaines espèces (notamment des champignons et des organismes unicellulaires), le type sexuel d'un gamète dépend de sa génétique (et donc de la génétique du parent, qui ne peut produire que certains types de gamètes). La différenciation des gamètes par type est notamment utile pour éviter l'autofécondation, qui est peu efficace en ressources. Dans le cas où les gamètes femelles et mâles sont produits par des individus différents, on parle de types sexuels d'individus. De plus, lorsque dans une espèce un individu possède un seul type sexuel constant pour toute sa vie, on parle de gonochorisme (par opposition à l'hermaphrodisme successif lorsqu'il est possible de changer de type sexuel au cours de la vie). Les organismes peuvent faire l'objet d'autres adaptations en lien avec les différentiations au niveau gamétique. On parle de caractères sexuels. Par exemple, il peut y avoir des canaux différents pour transporter les gamètes femelles et mâles (et cela ne suppose pas des types sexuels d'individus : cf. l'hermaphrodisme, chez les escargots par exemple). Par le jeu des adaptations à la reproduction, l'existence de types sexuels d'individus chez une espèce peut être associée à une différenciation des organismes au niveau de caractères sexuels selon le type sexuel de l'individu. Par exemple, les individus produisant des gamètes mâles pourraient plus souvent avoir les canaux adaptés au transport de gamètes femelles atrophiés, et réciproquement. On appelle sexe d'un individu l'ensemble de ses caractères sexuels, et sexuation les processus développementaux de mise en place et de changement des caractères sexuels. Donc avec ce vocabulaire : l'existence de types sexuels d'individus chez une espèce peut-être associé à une différenciation des individus par sexes selon leur type sexuel, cette différenciation résultant des processus développementaux de sexuation. Lorsqu'il y a deux types sexuels d'individus, cette différenciation des sexes entre les individus selon leur type sexuel est appelée dimorphisme sexuel. La binarité mâle-femelle des gamètes, aussi stricte soit-elle, et quand bien même chaque individu ne produirait qu'un type de gamète (c'est-à-dire quand bien même la binarité des types sexuels des individus serait stricte, comme chez l'humain), n'implique pas forcément une binarité stricte des sexes à l'échelle des individus (c'est-à-dire un dimorphisme sexuel strict). Par exemple, certains individus pourraient posséder uniquement les canaux adaptés aux gamètes femelles, d'autre uniquement ceux adaptés aux gamètes mâles, et d'autres les deux types de canaux. Chez l'humain, le dimorphisme sexuel fait l'objet d'études spécifiques, notamment concernant : Par ailleurs, les caractères sexuels peuvent faire l'objet de manipulations technologiques, notamment en interagissant avec les processus de sexuation via des hormones.
bonus :
Note sur le vocabulaire : je n'ai trouvé aucune mention du terme holobiontie, c'est une traduction de mon cru de l'anglais holobiontness.
[ biologie 🦠 52 min ]
Le sexe est un bon prédicteur d'une part de la position social : le genre. Pour étudier les façons de concevoir cet ordre social sexué, définissons-en deux conceptions caricaturales et opposées. Naturalisme : le genre c'est du sexe, c'est-à-dire que la part de la position sociale corrélée avec le sexe découle directement d'adaptations à la reproduction sexuée. Anti-naturalisme : Ni l'un ni l'autre n'est satisfaisant en l'état. Pour penser correctement le système sexe/genre et en particulier le sexe, il ne faut pas : avoir une conception prescriptive de la biologie, notamment sur les interventions médicales.
Note sur le vocabulaire : les termes naturalisme et anti-naturalisme sont aussi utilisés pour désigner des couples de positions plus nuancées, simplement pour indiquer que l'une est plus proche d'un des pôles définis ci-dessus que l'autre.
[ philosophie des sciences 🤔 22 min ]
constructivisme linguistique et études de genre
Un concept est le produit d'une histoire : il n'est pas donné directement et instantanément à partir du réel, on dit qu'il est construit. (Cela n'est pas en contradiction avec le fait qu'il puisse correspondre effectivement à quelque chose de réel, son réalisme.) Notamment, un concept est très souvent socialement construit, c'est-à-dire que sa construction fait intervenir des phénomènes sociaux. Il dépend alors en partie du contexte social dans lequel il est construit, et en particulier des représentations qui y sont véhiculées. Par abus de langage, au lieu de dire que la notion x est socialement construite, on dit que x est une construction sociale. Remarques en lien avec l'épisode précédent : avoir l'idée qu'une notion n'est pas construite, c'est naturaliser cette notion. La naturalisation d'une notion est le plus souvent une position implicite voire inconsciente : prendre la notion telle quelle sans questionner ni sa pertinence pour décrire le réel, ni sa construction. (Exemple dans la vidéo : « naturaliser la différence des sexes ».) D'ailleurs, bien d'autres choses sont le produit d'une histoire ; elles sont construites. À titre d'exemple, la vidéo cite des influences du social sur le biologique via la physiologie, l'écologie ou encore l'évolution. En fait, des faits biologiques aussi peuvent être socialement construis, pas que des concepts. Concentrons-nous tout de même sur les concepts. La conception (construite) qu'on a de la réalité influence ce qu'on fait, ce qui influence la réalité, ce qui influence à son tour la conception qu'on en a (en bref : concepts -> comportement -> réalité -> concepts -> …). La construction sociale de chaque maillon se poursuit. Le problème épistémologique ici, c'est qu'au fil du temps, les mots changent de signifiés, ou même les signifiés changent, sans qu'on n'en ait forcément conscience. D'ailleurs, la construction des concepts peut aussi différer selon les environnements sociaux. Par exemple, pour la notion de sexe, la conception proche de la biologie évolutive vue précédemment à base d'adaptations n'est certainement pas le sens commun. Le discours biologique étant de plus perçu comme particulièrement légitime (autorité épistémique) le risque est alors que le propos soit naturalisé hors de la communauté scientifique émettrice. Or, les scientifiques viennent de et vivent dans la société. La naturalisation de certaines conceptions, en particulier au sujet du système sexe/genre, peut donc biaiser la pratique scientifique… mais ça on en reparle dans la suite de la promenade ! Le constructivisme linguistique c'est ce paradigme d'étude des concepts (et plus généralement d'étude des attitudes subjectives : les discours et représentations) et de leurs conséquences sur la réalité qu'ils désignent. C'est donc une thèse épistémologique : (Et plus généralement c'est : et donc l'étude de la réalité ne peut faire l'économie de l'étude des attitudes subjectives et de leur construction : après tout, le langage fait partie de la réalité.)
[ philosophie des sciences 🤔 23 min ]
enjeux épistémologiques de la biologie féministe
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[ philosophie des sciences 🤔 1 h 11 ]
À l'origine des épistémologies féministes, il y a la recherche et l'élimination des biais sexistes et androcentriques dans les conclusions scientifiques. Un travail épistémologique on ne peut plus classique donc. Mais l'épistémologie féministe devient méta quand elle ne critique non pas les biais de disciplines scientifiques données, mais les biais de l'épistémologie elle-même, et en premier lieu ceux concernant les notions d'objectivité et de neutralité des sciences. Un savoir scientifique peut être influencé par le fait que sa production se fait dans un contexte social. On parle de savoir situé. On a déjà vu un aspect du caractère situé des savoirs : la construction sociale des concepts. Un autre aspect est que la production scientifique dépend de ce qui intéresse les scientifiques, et donc de leurs conditions d'existences (leur socialisation notamment). Se pose donc la question de la représentativité sociale des scientifiques, notamment en terme de genre. Pour pouvoir continuer à faire de la science en attendant de résoudre ce manque d'objectivité de la communauté scientifique, en bref pour que les savoirs situés soient les plus exploitables, l'épistémologie féministe devenue épistémologie du positionnement (standpoint epistemology) propose de revoir les critères de scientificité des recherches en y intégrant l'énonciation d'une partie de sa subjectivité : son positionnement. Un positionnement, c'est un ensemble de motivations à effectuer telle ou telle recherche (motivation politique, motivation esthétique…). Par réflexivité, l'épistémologie féministe décrit un positionnement féministe : la défense d'une science non sexiste et non androcentrique, notamment pour ne pas laisser le pouvoir issu de la science à une part du corps social. L'épistémologie féministe voit aussi un positionnement compatible avec une science démocratique (c'est-à-dire praticable par tou·te·s et qui ouvre ses motivations à la discussion) comme un critère de scientificité. Que dites-vous ? Il y a des échos de la notion de régime épistémique dans celle de positionnement ? Comme si cette promenade avait une sorte d'organisation…
[ philosophie des sciences 🤔 20 min ]
Fin !