Le 3 septembre 2004 a eu lieu une réunion regroupant l'administration de l'École Normale Supérieure de Cachan, des représentants des élèves, le CROUS de Créteil, le CNOUS, M. le Recteur et M. le Directeur de Cabinet du Préfet.
Étaient présents :
- Claire Dupas (Directrice de l'ÉNS)
- Hisham Abou-Kandil (Directeur Adjoint de l'ÉNS)
- Luçay Sautron (Secrétaire Général de l'ÉNS)
- Éric Savattero (Directeur de la Formation de l'ÉNS)
- Bernard Saint-Girons (Recteur de l'Académie de Créteil)
- Jean-Pierre Guyet (Directeur Adjoint du CNOUS)
- Pierre Derrouch (Directeur de Cabinet du Préfet du Val-de-Marne)
- Serge Pierron (Directeur du CROUS de Créteil)
- Sylvie Toraille (Secrétaire Générale Adjointe du Rectorat)
- Amélie Coantic (élue du Conseil d'Administration de l'ÉNS)
- Denis Ravaille (élu du Conseil d'Administration de l'ÉNS)
- Fabrice Mathurin (membre du Conseil de Résidence)
- Nicolas Salles (Président sortant du CRANS)
- Patrick Bonin (Président de la Nuit Anormale et Vice-Président sortant du Bureau des Élèves de l'ÉNS)
- Rémy Casanova (Président sortant du Bureau des Élèves de l'ÉNS)
- Sarah Levy (Bureau des Sports de l'ÉNS)
- Stanislas Rapacchi (Vice-Président du Bureau des Élèves de l'ÉNS)
- Vincent Bernat (Secrétaire sortant du CRANS)
- Xavier Pessoles (Président du Bureau des Élèves de l'ÉNS)
La réunion avait pour but d'informer l'École et ses élèves de la situation passée, présente et future du bâtiment F sur le campus. Mme Dupas a de plus souhaité que la réunion soit élargie aux problèmes rencontrés sur le campus, sans être directement liés au bâtiment F. Elle a de plus déploré le manque de communication reçu jusqu'à présent.
Le bâtiment F
La grande majorité de la réunion a tourné autour du bâtiment F. Ce bâtiment a été progressivement occupé depuis plusieurs années mais le gestionnaire des résidences alors en place n'a pas engagé les procédures nécessaires pour contrer ce phénomène. Ce n'est que l'an dernier que M. le Recteur, lorsqu'il est arrivé en poste, a sollicité le Préfet pour ce problème.
La nature juridique du bâtiment était alors assez complexe de par la diversité des populations présentes, mais aussi de par sa taille et du fait qu'il soit universitaire.
Le bâtiment F est constitué de 5 étages, 330 chambres, 800 (avec une marge d'erreur de 1%) personnes recensées, en majorité des ivoiriens et des maliens. Le rez de chaussée est occupé par des maghrébins et se distingue des autres étages par le roulement permanent des personnes s'y trouvant. Il y a 150 enfants. Le bâtiment dispose d'une vie structurée avec des délégués d'étages, un collectif (contenant des ONG, des mouvements politiques et des mouvements sociaux) et un comité de soutien. D'après M. Derrouch : "Ils sont bien conscients qu'ils ne peuvent pas rester là".
Il a de plus été noté que ce bâtiment doit être détruit pour plusieurs raisons :
- la présence d'amiante dans les cloisons rend impossible tous travaux de rénovation nécessitant de percer les cloisons ; de plus, les occupants faisant eux-mêmes les travaux, une partie du bâtiment a été contaminée ;
- le bâtiment F n'est pas aux normes incendie ;
- un cas de saturnisme contracté dans le bâtiment a été détecté ;
- le permis de construire des bâtiments H, I, J n'a été accordé que si le CROUS s'engageait à détruire ce bâtiment ;
- les bâtiments H, I, J ne seront aux normes incendies que lorsque le bâtiment F sera détruit.
L'Éducation Nationale a sollicité auprès du tribunal administratif l'expulsion des occupants avec, si besoin, le recours des forces de police. Le 13 avril dernier, le tribunal administratif a accédé à cette requête. Il restait alors à exécuter cette mesure.
De nombreux repérages ont été effectués et il a été envisagé trois scénarios qui devaient prendre effet à partir du 3 août :
- le premier consistait à expulser l'intégralité du bâtiment en deux jours, avec éventuellement le recours des forces de police. Les occupants auraient alors été dirigés vers les services sociaux, certains relogés, d'autres hébergés et les derniers invités à quitter le territoire. Ce premier scénario nécessitait beaucoup de forces de police, mais aurait dû se dérouler dans le calme et ne pas perturber la vie du campus.
- le second scénario consistait à évacuer progressivement les étages pour aboutir en un temps beaucoup plus long au même résultat. C'est ce scénario qui a été retenu car considéré comme plus humain et moins nocif pour l'environnement du bâtiment. Il a de plus été acceptée par les différentes parties. Il est de plus à noter que ce scénario est une première en France. Il s'inscrit dans une volonté de transparence et de dialogue de la part du CROUS et de l'État.
- le troisième scénario était de ne rien faire.
Le CROUS a alors effectué un recensement des occupants. Ceux qui n'ont pas voulu s'y soumettre, notamment tout le rez de chaussé, seront expulsés par une procédure ad hoc assez rapidement.
Une cellule a été mise en place pour étudier le dossier de chacun des occupants de manière individuelle et leur proposer des solutions personnalisées. Cette cellule est composée de trois travailleurs sociaux : deux de l'AFTAM (Association de Formation Technique des Africains et Malgaches, qui a l'habitude de gérer ce genre de cas) et un du CROUS. Le concours des services de la ville de Cachan, de la préfecture, de la DASS et de l'inspection académique pour permettre de proposer des solutions de relogement ou hébergement. Cette cellule travaille étage par étage en commençant par le cinquième.
Une fois l'étage traité en entier, celui-ci est vidé, avec éventuellement l'aide des forces de police, muré et l'escalier y menant est détruit. Éventuellement, un dispositif de sécurité complémentaire sera mis en place. À l'horizon de mars 2005, le bâtiment devrait être en bonne voie pour être entièrement évacué.
Des mesures particulières seront prises pour les familles ayant des enfants : ceux déjà scolarisés resteront scolarisés au même endroit. Les maternelles étant saturées, ce ne sera pas le cas pour ceux qui ont moins de 6 ans.
Plusieurs mesures d'urgence ont également été prises : condamner l'accès aux toits, examen rapide de la situation d'une famille dont un des enfants est atteint de saturnisme et blindage de l'armoire électrique.
Le coût de l'opération est supporté sur les crédits du CROUS qui tiennent les comptes.
Problèmes annexes au bâtiment F
Profitant de la présence conjointe du CROUS, du CNOUS, du recteur et de l'ÉNS, il a été abordé les problèmes rencontrés sur le campus.
Le premier est la très faible aide apportée par le CROUS à la vie associative. Le CROUS a refusé par exemple d'aider le BDE dans ses démarches pour porter plainte lors d'une agression à la Kfet. Cela contraste avec la volonté des élèves d'aider le CROUS, comme par exemple lors de l'accueil des nouveaux résidents au premier septembre.
Sur ce point, il a été répondu par M. le Recteur que M. Pierron vient d'être investi et que le CROUS est en train de s'assainir : il y a un avant été 2004 et un après été 2004. Il y aura donc désormais une démarche qualité. Le changement de direction est également un indice de cette volonté de changement.
Le second problème soulevé est le gardiennage. Celui-ci est dans l'idée une mesure reçue positivement mais sa mise en application est considérée comme trop abrupte. L'obligation de s'inscrire dans un registre et de signer est mal acceptée. M. Pierron a indiqué qu'il s'agissait d'une mesure temporaire. D'ici la fin du mois, le gardiennage devrait être assoupli. Il a souhaité agir dans l'urgence pour avoir au plus vite un panorama complet du campus. Il a promis une meilleure consultation des résidents à l'avenir.
Il a été abordé les problèmes de sécurité. Par exemple, la police rechigne à intervenir. M. Derrouch a indiqué qu'il n'y avait pas de solutions miracles, a éludé les solutions à très court terme et a reconnu le manque d'adaptation de la police pour les interventions sur le domaine privé. Il a proposé que les différentes parties concernées réfléchissent sur un contrat local de sécurité pour l'ensemble du campus. Cela permettrait une intervention plus rapide de la police et la possibilité pour celle-ci de patrouiller officiellement.
Les lycées tendent à ne pas gérer les problèmes qu'ils entraînent, notamment au RU. Il semblerait qu'ils étudient une solution d'autarcie, sans plus de renseignements.
Il a également été fait mention du fait que les normaliens ne peuvent siéger au CA du CROUS de Créteil car la situation des normaliens est juridiquement complexe : d'après M. le Recteur, l'ÉNS est considérée comme un établissement d'enseignement supérieur mais les étudiants normaliens sont rattachés aux académies des universités dont ils ont la carte. Il a été précisé que les normaliens représentent la majorité du campus, campus qui est le plus gros de l'académie de Créteil, et le moteur de la vie associative sur le campus. Les associations qu'ils animent sont ouvertes à tous les résidents comme par exemple le CRANS qui regroupe 900 résidents et permet à ceux-ci d'obtenir une connexion Internet. Sur ce point, il ne sera a priori pas possible de modifier le règlement en vigueur. Mais il a été promis une autre forme de consultation qui reste à définir ; par exemple, M. Pierron ou un de ses représentants pourraient siéger au Conseil de Résidence.
Bâtiment G
Le bâtiment G sera rénové à l'avenir. Des études ont été effectuées mais très peu de renseignements sont à ce jour disponibles. La destruction du bâtiment F doit d'abord être effectuée. Il sera tiré partie des enseignements du bâtiment F pour éviter de reproduire les mêmes problèmes.
Conclusion
En conclusion, il a été promis des réunions régulières avec le BDE, l'ÉNS et le CROUS et une amélioration progressive de la vie du campus. M. Pierron, M. Guyet et M. Derrouch ont laissé leurs coordonnées et ont indiqué qu'ils étaient disponibles pour répondre aux questions que ne manqueront pas de poser les résidents.
La réunion a duré deux heures.